lundi 30 mars 2015

ciò che non siamo, ciò che non vogliamo



























Non chiederci la parola che squadri da ogni lato
l'animo nostro informe, e a lettere di fuoco
lo dichiari e risplenda come un croco
perduto in mezzo a un polveroso prato.

Ah l'uomo che se ne va sicuro,
agli altri ed a se stesso amico,
e l'ombra sua non cura che la canicola
stampa sopra uno scalcinato muro!

Non domandarci la formula che mondi possa aprirti,
sì qualche storta sillaba e secca come un ramo.
Codesto solo oggi possiamo dirti,
ciò che non siamo, ciò che non vogliamo.

vendredi 20 mars 2015

Back in the days



Drew Barrymore and Balthazar Getty



























River Phoenix and Martha Plimpton






jeudi 19 mars 2015

" Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd la raison "





























L'amour l'après midi serait un film sur le centre, le milieu comme angoisse, le doute et les perméabilités qu'il offre au devenir et au variant permettant à la fiction de s'amorcer. C'est dans le milieu de l'après- midi que Frédéric, homme installé et marié, fait la pause de son travail. Ce trou est dans un premier temps la place aux échappées imaginaires jouissives, forte de leur serénité et de leur caractère artificiel. Ainsi, Frederic peut donner libre cours à son fantasme d'homme marié, dans l'indifférence complaisante du peuple, de la rue et des flux joyeux formés par ses passants. Peut s'accomplir d'un trait amusé et futile les mini- récits narrés à la chaine d'un accostage frivole se voulant multiple et non coupable. Mais c'est ce semblant de force aérienne et volage de l'esprit derrière lequel se cache l'incarnation véritable de cette angoisse: Chloé. Le milieu est alors zone dangereuse car incertaine du baromètre de la transgression virtuelle. Rohmer ne fait pas le récit banal de la transgression comme acte et de ses conséquences. Mais des manières dont le milieu ne cesse de menacer de s'effriter, à la limite de la libération de cette angoisse. A la limite, car le récit Rohmerien est un souple système de balancier ou à chaque tension succède une phase de décontraction. A chaque pic d'étouffement succède une reprise, une relance. Ce sont les zones qui intéressent Rohmer davantage que les instants actifs. Zone spatiale, lorsque les virtualités de transgression amoureuse passent tel un courant d'air, en travers du hall d'entrée du bureau ou les secrétaires miaulent, piafent, s'inquiétent, devinent, se moquent et suspectent. Zones d'avancées paradoxales, lorsque plus avance le processus de virtualisation de la transgression,plus la ligne parallèle de ce qui la dénie progresse, et s'incarne en bébés tout juste accouchés.  Zones, milieux poreux encore puisque la femme de Frederic profite de sa maternité pour reprendre et poursuivre sa thèse. Ca travaille au milieu, mais dans le décalage de la norme (accouchement, savoir et écriture, chemin potentiel de transgression figé en devenir). Milieu car la transgression se fait toujours à mi- chemin, jusqu'au point ou la rétroaction est possible et ou le non accomplissement se préserve, in extremis. Et c'est à l'amorce d'un possible tournant des modalités de la vie conjugale que se termine le film, lorsque Frederic confesse à sa femme qu'il ne lui a jamais  parlé des choses qui comptent. Car c'est par la parole que les potentiels menacent de se transformer en acte. Il s'agit donc d'en déplacer le lieu d'affectation pour que le milieu devienne zone de turbulence frivole. Enfin, avec ce dernier plan sur la porte ouverte, c'est en plein milieu d'une perspective rigoureuse et décidée que Rohmer ouvre la réflexion à 
son spectateur.



(http://www.blogg.org/blog-62953-billet-l_amour_l_apres_midi___eric_rohmer__1972_-843373.html)







lundi 2 mars 2015




« Je sens le moment venu de te dire, longuement, que selon moi, tu te conduis comme une merde. Je n’affirme pas beaucoup de choses parce que je ne suis jamais tout à fait sûr que l’idée inverse n’est pas aussi juste, mais, si j’affirme que tu es une merde, c’est qu’ il n’y a pas de place pour le doute sur ce point.
L’idée que les hommes sont égaux est théorique chez toi, elle n’est pas ressentie, c’est pourquoi tu ne parviens pas à aimer qui que ce soit, ni à aider qui que ce soit, autrement qu’en jetant quelques billets sur la table. Amateur de gestes et de déclarations spectaculaires, hautain et péremptoire, tu es toujours installé sur ton socle, indifférent aux autres, incapable de consacrer quelques heures désintéressées pour aider quelqu’un. Entre ton intérêt pour les masses et ton narcissisme, il n’y a place pour rien ni pour personne. Il te faut jouer un rôle et que ce rôle soit prestigieux ; j’ai toujours eu l’impression que les vrais militants sont comme des femmes de ménages, travail ingrat, quotidien, nécessaire. Toi, c’est quatre minutes d’apparition, le temps de laisser se déclencher les flashes, deux, trois phrases bien surprenantes et disparition, retour au mystère avantageux. Au contraire de toi, il y a les petits hommes, qui demandent aux autres de leurs nouvelles, les aident à remplir une feuille de sécurité sociale, répondent aux lettres, ils ont en commun de s’oublier facilement et surtout de s’intéresser d’avantage à ce qu’ils font qu’à ce qu’ils sont et qu’à ce qu’ils paraissent. »




Lettre jubilatoire de Truffaut à Godard